Disponible depuis 2022 sur Xbox, As Dusk Falls est arrivé l’année dernière sur PlayStation et j’ai profité de son inclusion récente au PS Plus pour rattraper mon retard. Car vous le savez, Aventures Geek se focalise tout particulièrement sur les aventures narratives. Il est temps de découvrir si le premier jeu du studio anglais INTERIOR/NIGHT est à la hauteur des attentes.
Un drame familial captivant
Ce studio a été fondé par Caroline Marchal, ex lead game designer chez Quantic Dream, avec la volonté de proposer des expériences interactives de très haute qualité, à même de séduire non seulement les joueurs mais aussi les passionnés de séries TV captivantes telles que Breaking Bad ou Fargo. Avec de telles références et le soutien de Microsoft, il y avait de quoi être enthousiaste.
As Dusk Falls nous ramène en 1998. La famille Walker est en plein déménagement à Saint-Louis dans le Missouri. Alors qu’elle roule vers sa destination, elle est victime d’un léger accident de la route à Two Rocks, une petite bourgade située dans l’Arizona. Un accident suffisant pour immobiliser le véhicule et obliger Vince, sa femme Michelle, sa fille Zoé et son père Jim à rester le temps d’une soirée au motel local. En parallèle, un groupe de trois frères (rien à voir avec le film du même nom !), décide de braquer la maison du shérif pour récupérer un joli pactole. Malheureusement pour eux, tout va mal se passer et on se retrouve alors à suivre le destin étroitement lié des deux familles, au cœur d’une enquête policière dont le pays entier parle. Je ne vous en dis pas plus car il serait difficile de ne pas vous spoiler.
Le titre réussit parfaitement à nous immerger dans son aventure avec une qualité d’écriture remarquable. Les personnages sont travaillés, souvent en niveaux de gris, avec chacun leur propre identité et caractère. Les développeurs ont choisi d’intégrer de nombreux flashbacks qui nous permettent de mieux découvrir les deux familles. Du côté de la famille Walker, on découvre les origines du déménagement, la relation du couple, les craintes de la petite Zoé… Alors que du côté des frères Holt, on comprend les motivations les ayant poussés à cet acte irréfléchi. De nombreuses thématiques matures sont abordées (le jeu est classé 16 ans et plus par PEGI), mais là encore difficile de les énumérer sans vous spoiler.
Choisir c’est renoncer
Le titre a été pensé comme une mini-série découpée en deux arcs narratifs de trois épisodes. Soit six épisodes d’une durée d’environ une heure chacun. Le rythme est haletant, notamment dans la première moitié du jeu où il est bien difficile de lâcher la manette. Les aventures narratives sont souvent décriées pour le gameplay basique et ce n’est pas As Dusk Falls qui va changer la donne. Ici le gameplay est à son minimalisme le plus total. On est face à un genre de visual novel où l’on ne contrôle aucun mouvement de personnages. Tout se joue sous nos yeux comme une grosse vidéo interactive et l’on fait très fréquemment des choix de dialogue et de temps en temps des actions via les habituels QTE. Ces QTE sont basiques et n’apportent pas grand chose, on aurait presque pu s’en passer. Il y a également quelques séquences d’analyse de l’environnement, où l’on peut déplacer le curseur pour lancer l’action du personnage. Du point’n’click à l’ancienne en quelque sorte.
Le plus important, et la raison qui nous pousse à jouer, ce sont les choix. Ils sont extrêmement nombreux, parfois insignifiants et parfois fondamentaux pour la suite de l’aventure. Le jeu a donc un grand nombre de fins possibles. Certains personnages seront vivants ou morts en fonction de vos décisions. Les choix clés sont signalés et figent en général l’écran : vous avez ainsi un temps illimité pour réfléchir à ce que vous allez faire. Il m’est arrivé plusieurs fois d’être en totale hésitation sur ma décision, signe que le jeu arrive à nous mettre dans des situations intéressantes et prenantes. La fin de l’aventure reste ouverte et on se demande si les développeurs n’ont pas une suite en tête, bien que celle-ci n’ait toujours pas été annoncée trois ans après la sortie du jeu (ce qui réduit assez fortement sa probabilité).
Certains personnages seront vivants ou morts en fonction de vos décisions.
À la fin de chaque chapitre, un arbre de choix apparaît récapitulant tout votre parcours et vous indiquant le pourcentage de joueurs ayant fait le même choix que vous. L’occasion de se rendre compte des vastes possibilités scénaristiques offertes. Si vous voulez vraiment découvrir tous les embranchements, il faudra recommencer le titre ou tout du moins les chapitres aux checkpoints qui vous intéressent. Le jeu résume également votre personnalité de joueur en trois points à chaque fin de chapitre. Loyal, courageux, égoïste, lâche… toute votre vie va être remise en question (bon allez, j’exagère un peu) !
Un style visuel résolument à part
Dès son annonce, As Dusk Falls a fait parler de lui en raison de ses choix artistiques très particuliers. En effet, le style graphique du jeu peut diviser. Plutôt que d’opter pour des modèles 3D animés de façon fluide et dont les visages bougent en temps réel, le studio londonien a opté pour des animations image par image. Les acteurs et actrices ont interprété chacune des scènes, puis les personnages ont été redessinés. Si les environnements 3D bougent en temps réel, les personnages eux changent de posture une à deux fois par seconde. Un style saccadé surprenant mais qui confère au jeu sa personnalité. Personnellement, il m’a fallu une bonne demi-heure pour me “mettre dedans”. Le rendu est en tout cas plutôt joli et il évite également aux développeurs de devoir gérer la synchro labiale. Le titre propose ainsi onze doublages différents, dont le français qui est d’ailleurs convaincant. J’ai joué majoritairement en anglais et là aussi, la qualité des performances est au rendez-vous. Côté bande-son, rien d’exceptionnel à signaler mais rien qui ne dénote non plus. On retrouve quelques musiques rock et folk allant de paire avec le lieu.
Un style saccadé surprenant mais qui confère au jeu sa personnalité.
Petit point pour finir sur l’aspect multijoueur du titre. Bien que je n’y ai joué qu’en solo, il est important de préciser qu’il est possible de faire l’aventure jusqu’à huit joueurs, aussi bien en ligne qu’en local, voire un mélange des deux. Comment ? Tout simplement en téléchargeant l’application et en jouant avec son smartphone. Dès lors, les joueurs doivent chacun faire leur choix dans chaque situation et la décision ayant le plus de votes l’emporte. Il est même possible de mettre son veto au moins une fois, de quoi mettre un peu de piment avec les autres joueurs présents !
