Si l’actualité est souvent monopolisée par des titres AAA riches en action ou en micro-transactions, la beauté de notre divertissement préféré passe aussi par les expériences fraîches et originales qu’il peut nous proposer. Sword of the Sea appartient définitivement à cette catégorie de jeux, presque inclassable, souvent clivant. Je n’en attendais pas moins de Giant Squid, à qui l’on doit déjà Abzû et The Pathless.
Le surfeur de l’eau-delà
Avez-vous déjà rêvé d’être un spectre surfant sur des dunes ensablées ou enneigées grâce à son Aéroépée ? Si tel est le cas, vous pourriez bien tomber sous le charme de l’aventure proposée par les développeurs. Le but est simple : parcourir des paysages désertiques et activer des mécanismes pour faire revenir l’eau et, avec elle, la vie marine. Pour se déplacer, vous possédez donc une épée magique qui sert ici de skateboard / surf / snowboard puisque vous allez pouvoir glisser sur absolument tout. Le gameplay peut paraître très rudimentaire de prime abord et après une demi-heure, je pensais même que le titre ne serait pas pour moi. Mais au fur et à mesure, suffisamment de petites possibilités viennent agrémenter le titre et on prend pas mal de plaisir à explorer les différents environnements.
Dès le départ, les sensations de glisse sont excellentes, notre héros se déplace de façon fluide et la sensation de vitesse est bien présente. Profitant des vagues et de la verticalité des niveaux, on passe pas mal de temps dans les airs à enchaîner les tricks pour améliorer son score global. Au fil de notre progression, on peut collecter de la monnaie (de petites pyramides d’or) et l’échanger à un mystérieux marchand afin de débloquer de nouveaux tricks. Rien de très poussé en réalité, mais on se laisse prendre au jeu et on enchaîne les figures acrobatiques presque machinalement. Quelques petits challenges et phases de half-pipe sont également présents.
Vous possédez donc une épée magique qui sert ici de skateboard / surf / snowboard puisque vous allez pouvoir glisser sur absolument tout.
Mais le but premier est bien de trouver les mécanismes à enclencher. “Trouver” est ici un bien grand mot, car les différentes zones restent relativement petites et il n’y a aucune difficulté à repérer leurs emplacements. Vous devrez en général planter votre épée dans une sphère d’eau pour avancer. Mais certaines énigmes simplistes demandent aussi d’apporter une bulle d’eau à une statue pour ouvrir une porte par exemple. En avançant davantage, on débloque la possibilité de créer un rail d’eau pendant quelques secondes, ce qui va permettre d’atteindre des endroits autrement inaccessibles. En faisant revenir l’eau dans les environnements, on fait aussi revenir les poissons et deux passages viennent apporter un peu de variété en se faisant à dos de mammifères marins. Ces phases originales sont en revanche un peu plus “brutes” et finalement moins poétiques que le fait de se déplacer en surfant.

L’art de la contemplation
Si j’utilise ici le mot poétique, c’est parce que Giant Squid nous enivre encore en proposant une direction artistique somptueuse, signée par Matt Nava, déjà à l’œuvre sur Journey et avec lequel la comparaison est inévitable. On retrouve la patte de l’artiste, avec des décors magnifiquement colorés et contrastés qui en mettent plein la vue. La variété est de plus au rendez-vous puisque les dunes de sable laissent place aux paysages enneigés ou encore à la lave. Les éclairages sont aussi particulièrement bien gérés. On contemple donc ce monde et on obtient une dose de satisfaction lorsque l’on fait revenir l’eau. Car l’environnement se transforme en quelques secondes sous nos yeux. Pour ne rien gâcher, la fluidité est au rendez-vous.
Giant Squid nous enivre encore en proposant une direction artistique somptueuse.
Au milieu de tous ces panoramas, on tombe parfois sur des stèles, seuls réels éléments de lore du jeu. Rien de bien transcendant ici, car l’histoire n’est pas vraiment un sujet central, contrairement à la thématique de l’écologie matérialisée par la sécheresse et la désertification qu’il faut donc combattre pour que la vie triomphe. Le spectre que nous incarnons reste lui-même une énigme, se contentant d’accomplir sa mission. Les fans de Journey ou Abzû ne devraient pas être surpris, la dimension contemplative prend largement le pas sur la dimension narrative.
Le tout est accompagné par des compositions musicales qui, sans être marquantes, contribuent à l’ambiance globale. De quoi donner envie de flâner à la découverte des moindres recoins ? Cela dépendra de vous, mais sachez en tout cas que Sword of the Sea est diablement court ! Comptez 2h15 en ligne droite, et probablement autour de quatre heures pour découvrir tous les secrets. Même en adhérant à la proposition, cela reste trop peu pour un titre vendu 25 euros. Comme moi, vous le découvrirez peut-être via le PS Plus, puisque le titre est inclus dans l’abonnement. Une bonne chose pour, à minima, essayer ce jeu unique mêlant plateforme, glisse et exploration.
