Depuis l’annonce de leur configuration respective, la Xbox Series X et la PlayStation 5 ont fait saliver des millions de joueurs à travers le monde. Si certains développeurs n’hésitent pas à les comparer aux PC les plus haut de gamme du marché, les constructeurs savent néanmoins que le prix ne doit pas dépasser un certain seuil psychologique dans la tête des joueurs. Si l’on recoupent les différents sondages en ligne, le prix de 500 euros semble être la limite. Au-delà, une bonne partie des gamers feraient l’impasse sur un achat au lancement.
Alors j’ai décidé de m’intéresser aux lancements des précédentes générations de consoles de salon. Quel était le prix à l’époque et à quel montant cela équivaut aujourd’hui si l’on tient compte de l’inflation ? Y avait-il des jeux cultes dès le Jour-J motivant les joueurs à acheter ? Je vais vous parler d’un temps où Sega faisait autre chose que des bouts de plastiques à écran de 1,15 pouces ! Etant donné le nombre faramineux de consoles étant sorties, j’ai limité la sélection aux consoles les plus populaires en France depuis l’ère 8-bits.
Comparatif du prix des consoles ajusté à l’inflation
Comme j’ai bien conscience qu’une représentation graphique est la plus visuelle, j’ai décidé de commencer cet article par la fin. Autrement dit, voici ci-dessous la synthèse et les informations principales à tirer de cette étude. Pour ceux qui ont le courage, le détails des lancements est donc un peu plus bas !
Que retenir de ce comparatif ? Plusieurs points me semblent importants.
- Ce comparatif n’inclut pas la majeure partie des consoles des années 70 et 80. Dites-vous bien qu’à cette époque, on achetait parfois des machines pour l’équivalent de 700-800 euros alors que leur durée de vie ne dépassait pas trois ans (et quelques dizaines de jeux).
- Certaines consoles de la génération PS1/PS2 nécessitaient l’achat de cartes mémoires pour sauvegarder sa progression (ou ses ralentis de PES !). En conséquence, on avait dépensé facilement 50 euros de plus après quelques années d’usage de la console.
- De nombreuses consoles ayant eu des formats cartouches propriétaires, il n’y avait pas de rétrocompatibilité d’une génération à une autre. Alors qu’avec les consoles actuelles, on peut accéder à des centaines d’anciens jeux via les stores en ligne.
- Toujours à cause des supports physiques propriétaires, une console ne servait souvent qu’à jouer. Alors qu’en achetant une console récente on achète aussi un lecteur Blu-Ray, voir Blu-Ray 4K.
- Nintendo est incontestablement l’un des maîtres de la console à bas coût (même si depuis la Wii, les prix bas s’expliquent par des configurations techniques plus faibles que la concurrence).
- Le prix moyen d’une console de salon à son lancement est de 419,44 euros. En d’autres termes, si la PlayStation 5 et la Xbox Series X se lancent à 399 euros, ce serait une excellente “affaire”. Elles seraient moins cher que la majorité (6 sur 7) des consoles Sony et Microsoft précédentes. Objectivement on constate aussi que de telles machines à 499 euros ne seraient pas une aberration non plus.
Détails de chaque lancement (date de sortie, prix, jeux phares du line-up)
Sega Master System (Septembre 1987)
Prix de lancement : 990 francs, soit désormais 261 euros (avec le jeu Hang-On et 2 manettes)
Ventes totales : 13 millions dans le monde, environ 1 million en France
La Master System arrive en France un peu tardivement par rapport au Japon et aux Etats-Unis. Les jeux du lancement les plus populaires sont très certainement Hang-On (jeu de moto porté depuis l’arcade) et Alex Kidd in Miracle World (premier jeu de la série Alex Kidd qui sera d’ailleurs directement intégré à la console à partir de 1990).
Nintendo NES (27 Octobre 1987)
Prix de lancement : 1490 francs, soit désormais 391 euros (avec le jeu Super Mario Bros et 2 manettes)
Ventes totales : 61,91 millions dans le monde, environ 1,8 million en France
Malgré son lancement en pleine période de fêtes de fin d’année, la NES rata son arrivée en France. Mais ce n’est en tous cas pas à cause de son line-up. Il proposait pas moins de 27 jeux : non seulement Super Mario Bros, mais aussi Excitebike, Duck Hunt, Ice Climber et plusieurs portages des jeux arcade Donkey Kong.
Sega Mega Drive (Septembre 1990)
Prix de lancement : 1890 francs, soit désormais 453 euros (avec le jeu Altered Beast et 1 manette)
Ventes totales : 39,70 millions dans le monde, environ 6,90 millions en Europe
La Mega Drive arrive en France bien après le Japon et les Etats-Unis et offre donc un beau catalogue de lancement. Outre Altered Beast (vendu en bundle avec la console), plusieurs jeux se démarquent comme Golden Axe, Ghouls ‘n Ghosts ou The Revenge of the Shinobi. Il y avait de quoi faire.
Nintendo Super NES (11 avril 1992)
Prix de lancement : 1290 francs, soit désormais 294 euros (avec le jeu Super Mario World et 2 manettes)
Ventes totales : 49,10 millions dans le monde, 8,58 millions en Europe
La Super Nintendo arrive en France avec un line-up réduit à 5 jeux. Mais quels jeux ! Le cultissime Super Mario World est fourni avec la console et les quatre autres sont F-Zero, Super R-Type, Super Tennis et Super Soccer. Du sport, de la course, du shoot’em up et de la plate-formes, il y avait de la qualité et de la variété.
Sega Saturn (8 juillet 1995)
Prix de lancement : 3390 francs, soit désormais 726 euros (avec le jeu Virtua Fighter et 1 manette)
Ventes totales : 9,5 millions dans le monde, 971 000 en Europe
Console au développement compliqué et à la carrière commerciale catastrophique, la Saturn arrive en France au prix fort et avec un catalogue réduit à 4 jeux : Virtua Fighter, Daytona USA, Victory Goal et Clockwork Knight. Heureusement les deux premiers, issus de l’arcade, ont su enchanter les joueurs pendant des dizaines d’heures.
Sony PlayStation (29 septembre 1995)
Prix de lancement : 2099 francs, soit désormais 448 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 104,25 millions dans le monde, 5 millions en France
La PlayStation arrive sur le marché français avec de nombreux titres, dont trois jeux de course cultes qui deviendront de grosses franchises : Wipeout, Ridge Racer et Destruction Derby. Tekken ratant de peu le lancement dans l’hexagone, les fans de combats se jettent sur l’excellent Battle Arena Toshinden.
Nintendo 64 (1 septembre 1997)
Prix de lancement : 990 francs, soit désormais 204 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 32,93 millions dans le monde, 6,75 millions en Europe
La France était l’un des derniers pays à accueillir la Nintendo 64 et le catalogue de lancement est donc exceptionnel. Avec Super Mario 64 et Mario Kart 64, Nintendo proposait déjà deux jeux cultes. Mais c’était sans compter sur Wave Race, Pilotwings ou encore l’excellent Turok: Dinosaur Hunter. Ce line-up combiné à son petit prix en faisait un excellent choix.
Sega Dreamcast (14 octobre 1999)
Prix de lancement : 1690 francs, soit désormais 344 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 10,6 millions dans le monde, 1,91 millions en Europe
Malgré son échec, la Dreamcast a connu de grands titres et ce, dès son lancement. En France, la console arrive avec de nombreux hits : Sonic Adventure, Power Stone, Sega Rally 2, Virtua Fighter 3 TB ou encore The House of the Dead 2. Bref, il y en avait pour tous les goûts.
Sony PlayStation 2 (24 novembre 2000)
Prix de lancement : 2990 francs, soit désormais 599 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 155 millions dans le monde, environ 6 millions en France
Succès immédiat (ah ce fameux chaos du Virgin Megastore), la PlayStation 2 proposait un catalogue de lancement vaste mais à la qualité inégale. Selon moi deux jeux se sont quand même démarqués : SSX (qui a fait l’unanimité) et Tekken Tag Tournament (pas le plus réputé de la série mais quand même un très bon jeu de baston).
Microsoft Xbox (14 mars 2002)
Prix de lancement : 479 euros, soit désormais 616 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 24,65 millions dans le monde, 7,17 millions en Europe
Pour son arrivée sur le marché des consoles, Microsoft a su s’entourer immédiatement de grands studios. Ainsi le line-up de lancement était fabuleux. Jugez par vous-même : Halo, Dead or Alive 3, Amped, Oddworld : l’Odyssée de Munch, Project Gotham Racing, Jet Set Radio Future ou encore RalliSport Challenge. En tout une vingtaine de titres étaient au programme.
Nintendo GameCube (3 mai 2002)
Prix de lancement : 199 euros, soit désormais 255 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 21,74 millions dans le monde, 4,77 millions en Europe
La GameCube arrive en France avec un catalogue assez varié mais surtout une exclusivité de très haut niveau : Star Wars: Rogue Squadron II – Rogue Leader. Le shoot’em up de Factor 5 nous ferait presque oublier Luigi’s Mansion ou encore Wave Race : Blue Storm.
Microsoft Xbox 360 (2 décembre 2005)
Prix de lancement : 299 euros (Arcade) et 399 euros (Premium), soit désormais 357 euros (Arcade) et 476 euros (premium) (avec 1 manette)
Ventes totales : 85,80 millions dans le monde, 3,57 millions en France
Le jeu du lancement est peut-être Project Gotham Racing 3, excellent en tout point. Rare proposait de son côté le sympathique Kameo et le décevant Perfect Dark Zero. Le très bon portage de Call of Duty 2 et le flippant Condemned: Criminal Origins apportait également du piquant au catalogue. Notons que pas moins de 6 jeux de sports étaient disponibles le Jour-J.
Nintendo Wii (8 décembre 2006)
Prix de lancement : 249 euros, soit désormais 292 euros (avec 1 manette et Wii Sports)
Ventes totales : 101,63 millions dans le monde, 6,3 millions en France
Si tout le monde a eu droit à son exemplaire de Wii Sports, le jeu du lancement n’en demeure pas moins The Legend of Zelda: Twilight Princess. Côté fun, on retrouve aussi Wii Play et bien sûr Rayman contre les lapins crétins qui sera immédiatement entré dans la pop culture. Le reste du line-up n’était pas particulièrement mémorable.
Sony PlayStation 3 (23 mars 2007)
Prix de lancement : 599 euros, soit désormais 701 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 87,41 millions dans le monde, 5,23 millions en France
La PS3 ne compte pas vraiment de titres cultes au lancement mais quelques uns sortent du lot. Sega propose deux bons portages arcade avec Virtua Fighter 5 et Virtua Tennis 3. Côté first party, MotorStorm et Resistance: Fall of Man assurent le show. Avec Def Jam: Icon et Fight Night Round 3, les fans de combats avaient aussi de quoi faire.
Nintendo Wii U (30 novembre 2012)
Prix de lancement : 299 euros, soit désormais 319 euros (avec 1 manette)
Ventes totales : 13,56 millions dans le monde, 832 000 en France
A son lancement, la Wii U pouvait surtout compter sur New Super Mario Bros. U comme principale exclusivité. Pour s’occuper davantage, les éditeurs tiers avaient répondus présents avec des portages de leurs jeux phares. On retrouve Mass Effect 3: Special Edition, Assassin’s Creed III, Batman: Arkham City – Armored Edition, Call of Duty: Black Ops II ou encore Darksiders II (oui oui, ça fait beaucoup de suites).
Microsoft Xbox One (22 novembre 2013)
Prix de lancement : 499 euros, soit désormais 526 euros (avec 1 manette et Kinect)
Ventes totales à mi-mai 2020 : 47,32 millions dans le monde, 11,86 millions en Europe
Le line-up de la Xbox One peut compter sur l’excellent Killer Instinct et l’agréable Forza Motorsport 5. En revanche Ryse : Son of Rome fait un flop. Les éditeurs tiers sont là avec toutes les grosses licences Ubisoft, Activision ou encore Electronic Arts dès le début.
Sony PlayStation 4 (29 novembre 2013)
Prix de lancement : 399 euros, soit désormais 421 euros (avec 1 manette)
Ventes totales à fin mars 2020 : 110,40 millions dans le monde, 6 millions en France
Avec le report de dernière minute de Watch Dogs, la PlayStation 4 propose un catalogue de lancement correct mais sans coup d’éclat. Les FPS sont à l’honneur avec Killzone Shadow Fall, Battlefield 4, Call of Duty: Ghosts, mais on trouve aussi du foot avec l’inévitable FIFA 14, de la baston avec Injustice : Les Dieux sont parmi nous ou encore de l’aventure avec Assassin’s Creed IV: Black Flag. J’ose à peine citer Knack…
Nintendo Switch (3 mars 2017)
Prix de lancement : 329 euros, soit désormais 343 euros (avec 1 manette)
Ventes totales à fin mars 2020 : 55,77 millions dans le monde, environ 3,6 millions en France
Ne nous mentons pas à nous-même : si la Switch a cartonné dès son lancement c’est en grande partie grâce The Legend of Zelda: Breath of the Wild. Le dernier opus de la série a mis tout le monde d’accord. A tel point qu’on peine à se souvenir des autres jeux du lancement…