En 2002, la France était lamentablement éliminée de la Coupe du Monde de Football organisée conjointement par la Corée du Sud et le Japon. A des milliers de kilomètres de l’événement, en République Tchèque, les développeurs d’Illusion Softworks étaient quant à eux entrain de muscler leur jeu (bien plus que Robert) pour apporter la touche finale à Mafia : The City of Lost Heaven. Jeu d’action en monde ouvert de grande qualité, le titre parvint à marquer le genre de son empreinte. Alors quand 18 ans plus tard, un remake nous est proposé par 2K Games, c’est avec intérêt et excitation que l’on se replonge dans l’aventure. Hangar 13 a-t-il réussi son coup ou bien faut-il se débarrasser de l’équipe de développement dans une ruelle sombre ? Réponse juste en dessous.
C’est bien trouvé, c’est bien Tommy !
Le joueur se retrouve donc immédiatement plongé dans la peau de Tommy Angelo. Simple chauffeur de taxi au quotidien routinier, ce dernier va voir sa vie basculer lorsque Paulie et Sam, deux mafieux locaux, montent dans son taxi pour échapper à un gang rival. D’ordinaire honnête, notre bon vieux Tommy ne va pas résister à l’appel de l’adrénaline et va donc rejoindre la famille de Don Salieri qui règne sur une partie de la ville de Lost Heaven. Vous vous en doutez à partir de là, on va suivre la folle ascension de notre personnage au sein de la mafia.
Tout au long de la grosse dizaine d’heures nécessaire pour boucler l’aventure, les missions vont nous amener à commettre toutes sortes d’actes illégaux. Saboter des voitures, participer à du trafic d’alcool en pleine prohibition, faire taire des prostitués, collecter de l’argent dû et, bien sûr, se débarrasser d’ennemis. L’une des forces du jeu est incontestablement sa narration. La mise en scène est très bonne et le titre dépeint les gangs des années 30 avec réalisme, entre respect mutuel et nécessaires trahisons. La première moitié du jeu nous immerge dans le milieu avec des missions qui s’enchaînent sur un bon rythme. Et la seconde moitié du jeu est une véritable montée en puissance jusqu’à l’apothéose finale. Pour le joueur comme pour Tommy, il est difficile de décrocher.
Je suis rital et jeu le reste !
D’autant plus qu’au délà son écriture de qualité, le jeu brille également par son ambiance digne des meilleurs films du genre. La grande ville américaine des années 30 est un cadre intéressant et, bien que Lost Heaven soit fictive, difficile de ne pas y voir les traits des métropoles industrielles nord-américaines comme Chicago ou Detroit. Les différents dialogues entre personnages et les actualités entendues à la radio renforcent d’ailleurs l’immersion dans le réel. Le jeu couvrant une époque de 1930 à 1938, vous pourrez par exemple entendre parler de la Grande Dépression pendant la première partie de l’aventure, mais aussi de la montée du régime nazi en Allemagne vers la fin du jeu. Bref, on est plutôt bien immergé.
Le jeu brille également par son ambiance digne des meilleurs films du genre
D’autant que ce remake a mis les bouchées doubles niveau graphismes. J’ai testé la version PS4 du jeu mais sur PS5 et oui, Mafia : Definitive Edition est beau. Les réflexions sont même carrément sublimes, si bien qu’on prend parfois le temps de tourner autour de sa voiture pour admirer la carrosserie, ou encore de pencher la tête pour observer une flaque d’eau. Les développeurs ont eu vraisemblablement conscience de la qualité de leur travail sur les réflexions (et éclairages), à tel point qu’on trouve des flaques d’eau un peu partout dans la ville… même lorsqu’il fait très beau ! Mais bon, je chipote. Les différentes modélisations sont convaincantes et les expressions faciales sont suffisamment détaillées pour que les cuts-scenes narratives nous captivent. On est toujours un bon cran en dessous de la claque The Last of Us II mais on est clairement sur un budget inférieur donc rien d’anormal. Les textures oscillent quant à elles entre le correct et le très bon.
Par contre, les animations des personnages sont un poil en dessous des références actuelles. Rien de bien méchant mais on sent une certaine rigidité lors des différents mouvements. A contrario, la maniabilité des véhicules est vraiment intéressante. On ressent leur poids et j’ai personnellement pris du plaisir à conduire les voitures et les motos à disposition.
Un monde à l’ancienne
Depuis la sortie du premier Mafia en 2002, le jeu vidéo a pris un virage important vers l’open-world. On retrouve désormais un grand nombre de titres se déroulant en monde ouvert ou semi-ouvert. Dans ces derniers, chaque m2 ou presque, est l’occasion de réaliser une nouvelle quête, d’obtenir un objet ou tout simplement de discuter avec un PNJ. Si vous êtes un jeune joueur, vous avez sans doute toujours connu l’open-world sous cette forme. Ici le bilan est bien différent.
Mafia narre une histoire se déroulant dans un monde ouvert, mais sans à côté. Concrètement vous vous déplacez d’un point A à un point B pour effectuer une mission, vous pouvez faire des détours pour y accéder, mais vous n’avez rien d’autre à faire ailleurs. Est-ce un mal ? Certains joueurs l’affirmeront sans hésitation. Pour ma part, je prend ce Mafia comme un jeu d’action immersif et rythmé se concentrant sur l’essentiel. Il y a déjà tellement de GTA-like sur le marché que ce retour à l’essentiel fait du bien : aucun remplissage, aucune loot-box et zéro quêtes fed-ex inutiles. Alors oui, 10h de jeu ça peut paraître court mais le titre est sorti à 39 euros donc pas de quoi crier au scandale.
Il y a déjà tellement de GTA-like sur le marché que ce retour à l’essentiel fait du bien : aucun remplissage, aucune loot-box et zéro quêtes fed-ex inutiles.
Comme je le disais auparavant, les heures sont d’ailleurs bien remplies avec pas mal de courses poursuites dans les rues de Lost Heaven, des phases d’infiltration assez réussies et des fusillades à la pelle. Ces dernières sont réalistes et sans fioritures : le joueur peut se mettre à couvert, tirer sur un bidon d’essence pour le faire exploser ou bien foncer dans le tas (je vous le déconseille). Mais le feeling des armes d’époque est bon et le fait que les headshots soient létaux renforce le réalisme. Bref, je ne sais pas si c’est l’âge qui me fait dire ça, mais ce côté simple et efficace m’a bien plu. Petit bémol en revanche pour l’IA, notamment celle de la police. Les forces de l’ordre sont trop faciles à semer et abandonnent les recherches aussi rapidement qu’Usain Bolt court un 100 mètres.